Présentation de saint Thomas d'Aquin (c. 1224-1274)
Dans La Divine Comédie, Dante en parcourant le paradis rencontre deux dominicains. L’un présente l’autre et se présente lui-même : « A droite, ici, mon plus proche voisin a été pour moi un maître fraternel, c’est Albert de Cologne. Et moi, je suis Thomas d’Aquino. » Ces deux frères se rencontrèrent à Cologne et à Paris : Albert recommanda le jeune bachelier à la faculté de Paris où il vint enseigner et Thomas le suivit ensuite à Cologne.
Deux tempéraments mais une même passion de la vérité, de la Parole de Dieu. Ils défendent l’idée que foi et raison ne peuvent se contredire, dans la mesure où elles émanent toutes les deux de Dieu. Par conséquent, la théologie et la philosophie ne peuvent pas aboutir à des vérités divergentes.
De saint Thomas, son biographe Guillaume de Tocco note : « Chaque fois qu’il avait dessein d’étudier, de commenter, de faire un cours, d’écrire ou de dicter, il commençait par prier dans le secret. En priant, il demandait de pouvoir découvrir sans erreur les secrets de Dieu. Et lorsque avant de prier il avait eu encore un doute dans sa recherche, il revenait à son travail instruit par la prière. »
La plus populaire des œuvres de Thomas est le texte de l’Office du Saint Sacrement, qu’Urbain IV lui demanda de composer pour la Fête-Dieu qu’il venait d’étendre à toute l’Église: on y trouve les deux hymnes Pange lingua et Adoro te devote. Le biographe insiste sur la vénération personnelle de Thomas pour l’eucharistie : « Tous les jours, rapporte-t-il, si la maladie ne l’en empêchait pas, il célébrait la messe; il en entendait une seconde, de l’un ou l’autre de ses frères et il la servait très souvent. Parfois il semblait saisi pendant la messe d’un abandon à Dieu si puissant qu’il fondait en larmes, tant il était consumé par les saints mystères d’un si grand sacrement et réconforté par ses dons. »
En se rendant au concile de Lyon, Thomas tomba gravement malade et se fit conduire à l’abbaye cistercienne de Fossanova dans le Latium. Déjà près de sa fin, à la prière des moines qui entouraient son lit, il leur commenta le Cantique des Cantiques, « car, remarque Guillaume de Tocco, son âme n’abandonnait pas l’indispensable activité de l’enseignement [...]. Et il était fort à propos que le maître, avant de sortir de la prison de son corps, achevât son étude de la sagesse par le cantique de l’amour entre l’Aimé et l’aimée, si bien qu’ayant fondé toutes ses connaissances sur Dieu, il parvint aussi dans la joie aux embrassements de l’Aimé. »
Thomas mourut là, en 1274 ; il était né en 1224 ou 25.
Textes de saint Thomas d'Aquin
La contemplation de la sagesse
Thomas d'Aquin est un intellectuel détendu… contemplatif qui jouit de son objet.
« La contemplation de la sagesse est comparable au jeu pour deux raisons. D’abord, parce que le jeu est délectable et que la contemplation de la sagesse entraîne la suprême délectation... Ensuite parce que le jeu n’est pas ordonné à autre chose qu’à lui-même et qu’il trouve en lui sa propre fin; ce que l’on retrouve aussi dans la délectation de la sagesse... Mais à l’inverse de ce qui se passe dans nos délectations ordinaires au sujet de ce que nous anticipons, où le moindre retard trouble notre joie parfois grandement..., c’est en elle-même que la contemplation de la sagesse trouve la cause de sa délectation. Elle ne souffre donc d’aucune angoisse comme lorsqu’on doit attendre quelque chose... C’est pourquoi la sagesse divine compare sa propre délectation à celle du jeu : Je me réjouissais jour après jour, jouant en sa présence. »
Saint Thomas d'Aquin, Commentaire du livre de la Trinité de Boèce (1257-1259)
Une prière de saint Thomas d'Aquin
Accorde-moi, Dieu miséricordieux,
de désirer ardemment ce qui te plaît,
de le rechercher avec prudence,
de le reconnaître en vérité
et de l'accomplir parfaitement,
à la louange et à la gloire de ton nom.
Mets de l'ordre dans ma vie,
accorde-moi de savoir ce que tu veux que je fasse,
et donne-moi de l'accomplir comme il faut.
Que rien ne me réjouisse ni me m'attriste,
si ce n’est ce qui me mène à toi ou m'en écarte.
Que toute joie me dégoûte qui est sans toi,
et que je ne désire rien en dehors de toi.
Que tout travail, Seigneur,
me soit plaisant qui est pour toi,
et tout repos ennuyeux qui est sans toi.
Donne-moi souvent de diriger mon cœur vers toi.