Saint Albert le Grand (c. 1200 - 1280)
Le patron des scientifiques
Né à Lauingen en Souabe aux alentours de 1200, il étudie les lettres et probablement la médecine en Italie du nord, et c'est à Padoue, qu'il entre à 30 ans dans l'Ordre des frères Prêcheurs. Il étudie ensuite la théologie à Cologne et rapidement, il se met à enseigner cette discipline dans différentes villes d'Allemagne et de France.
Les Parisiens qui traversaient, vers 1245, la place Maubert (Maître Albert), voyaient ce religieux dominicain, professeur en plain vente, entouré d’un cercle de jeunes clercs avides de s’instruire ─ dont Thomas d’Aquin ─ auxquels il exposait, dans un magnifique langage, les connaissances théologiques, philosophiques et scientifiques de l’époque, leur commentant les travaux d’Aristote et d’Avicenne, leur infusant la science prodigieuse dont il était pénétré.
A la fin de 1248, saint Albert retourne à Cologne où il fonde le Studium Generale, une Ecole supérieur de théologie. Thomas d’Aquin, l’a suivi en disciple. Mais bientôt Albert le renvoie en France avec ces mots : « Maintenant mon fils, retourne à Paris, car tu es meilleur clerc que moi. »
Successivement Provincial de Teutonie (1254-1257) puis Évêque de Ratisbonne, frère Albert se démit de cette dernière charge au bout de deux ans. Il retourna à ses études, séjournant successivement à Würzbourg, à Strasbourg et à Cologne où il mourut en 1280. « Soyez lumières du monde et champions de la foi », disait il à ses confrères.
Conciliateur par vocation, saint Albert arbitre plusieurs conflits dont celui qui oppose la ville de Cologne à son archevêque. En 1256, maître Albert se rend dans la ville papale d’Anagni, près de Rome, pour défendre devant le pape Alexandre IV la cause des Ordres mendiants accusés par les clercs « séculiers » d’être des imposteurs qui prétendent associer études et pauvreté. « Vous êtes le péril des temps modernes ! » clame Guillaume de Saint-Amour, théologien de Paris. « Au contraire, nous en sommes l’espérance ! » rétorquent saint Albert et saint Bonaventure. En 1274, année de la mort de saint Thomas d’Aquin, saint Albert participe au concile de Lyon où « Orientaux et Occidentaux - note le saint docteur - chantent ensemble le Credo en latin puis en grec ». Lorsque l’évêque parisien Tempier condamne les thèses thomistes, en 1277, maître Albert revient à Paris pour défendre son disciple. « Il vit encore parmi nous par sa science et sa sainteté », déclare-t-il au sujet de son disciple Thomas d’Aquin.
Saint Albert passe ses dernières années affligé de lourdes infirmités : perte de vue et de la mémoire. Il reste souvent dans un lieu solitaire « pour prier et chanter ». Il meurt octogénaire à Cologne, le 15 novembre 1280, laissant ses biens à des œuvres de bienfaisance. Béatifié par Grégoire XV le 15 septembre 1622, il fut canonisé et déclaré docteur de l’Eglise par Pie XI le 16 octobre 1931. Il est aussi « patron céleste de tous ceux qui s’adonnent à l’étude des sciences physiques et naturelles ».