Mère Dominique, prieure d’Estavayer, fut envoyée pour être prieure du Monastère de La Croix de Paris. La communauté se refondait après la Révolution française et avait besoin d’aide. Elle mourut à Paris. Cette lettre, datée du 11 décembre 1840, souhaite la bonne année à sa sœur Pauline, elle aussi moniale d’Estavayer.

Le tableau ci-contre a été peint par Sœur Cécile Schmidt, une sœur d’Estavayer de cette époque.

J’embrasse et remercie infiniment ma bonne sœur Stéphanie [..], je lui souhaite pour la nouvelle année une mesure de grâces spirituelles pleine et abondante, pour aimer le Bon Dieu pour lui-même non pour ses bienfaits

Je fais les mêmes vœux pour vous ma bonne sœur Pauline, vous souhaitant de plus un grand courage pour ne rien refuser à Dieu qui vous demande votre cœur sans partage et sans réserve ; pour cela il faut se détacher de tout et surtout de soi-même, de son amour propre qui met plus d’obstacle à notre perfection, Dieu seul dans notre Cœur ; Dieu seul dans notre Esprit ; Dieu seul dans nos actions ; que nous serions heureuses ma bonne sœur si nous n’aimions que Dieu et sa Sainte Volonté ; demandez pour moi cette grâce, je la demande pour vous ardemment.

Je vous charge d’offrir à toutes nos Mères et sœurs, nos vœux et souhaits de nouvel an, ils embrassent la terre et le Ciel ; assurez-les en même temps de notre respectueux attachement dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie. […]

Adieu, priez pour moi, je vous embrasse dans le tendre Cœur du Bon Dieu que j’aime.

Sœur Marie Dominique Collaud

Le Père Lacordaire, mort en 1858, fut le restaurateur de l'Ordre dominicain en France après la Révolution.

Est-ce à ses disciples seulement que le Christ a dit : "Allez et enseignez" ? Non ! L'Église tout entière est solidaire de tout ce qui se fait dans l'Église. Il y a communion de tout et en tout entre tous les membres de la famille du Christ. Dire : "Ceci est le devoir de tels chrétiens dans l'Église et n'est pas mon devoir à moi", c'est dire une parole qui n'est pas chrétienne.

Ce n'est pas seulement pour vous que le Soleil de justice a été allumé en vous, c'est pour qu'il éclaire tout autour de vous. Dans la nature, vos yeux mêmes n'ont pas reçu la lumière pour la garder ; ils la réfléchissent ; ils rendent compte de votre âme au-dehors, et quiconque veut communiquer avec vous, regarde dans vos yeux pour y discerner la lumière qui y est, et par elle, cette lumière plus éclatante qui est votre esprit. Vous rayonnez dans tout ce que vous êtes, et par conséquent, si vous avez le rayonnement naturel de toutes vos facultés, de toutes vos puissances, combien plus devez-vous l'avoir dans l'ordre surnaturel, qui est essentiellement un ordre de dévouement et de charité ?

Il est donc certain, mes frères, d'après l'Écriture et d'après la Tradition, que lorsque Dieu a dit : "Allez et enseignez", il l'a dit à son Église avec laquelle il est jusqu'à la fin des temps. C'est son Église qui est apostolique, et ce titre, qui convient à l'Église en général, convient par solidarité de communion à chaque fidèle en particulier. Chaque fidèle est un dans la vérité et dans le ministère hiérarchique, qui sont un ; chaque fidèle est saint dans la morale et la pratique de l'Évangile, qui, l'une et l'autre, sont saintes ; chaque fidèle est catholique dans le lien de l'universalité qui le contient avec tous les autres ; chaque fidèle est apostolique, parce qu'il lui a été donné une lumière qu'il doit répandre sur tous.

En savoir plus sur le Père Henri-Dominique Lacordaire : restaurateur de l'Ordre des Prêcheurs après la Révolution